La section originale de ce site a été créée « à la main » pour être visualisée sur de grands écrans de 17 pouces et 720 x 1200 pixels. On m'a demandé à l'époque de conserver les images à une taille qui permettrait un téléchargement raisonnablement rapide sur une connexion Internet à 33'600 bauds/ps. Certains se souviendront des connexions chronométrées et sonores, via la ligne téléphonique. Les visiteurs ont alors décrit ces images comme « gigantesques ». Comme vous pouvez le deviner, la technologie a beaucoup évolué au cours des 25 dernières années tout comme la photographie et la conception Web. La plupart des sites Web de photographie ont évolué vers une version moderne et raffinée à un moment donné, grâce à ces modèles qui sont maintenant disponibles. Mais pour celui-ci, ce serait perdre les petites notes qui accompagnent chaque image. Je vous invite donc à partager ces quelques escapades de mes débuts en tant que photographe de paysage et concepteur Web. Les portfolios plus récents, à regarder en «plein écran», sont cependant conçus pour les grands moniteurs haute résolution d'aujourd'hui. Merci de votre visite !

 

Approche photographique

Les endroits que je visite sont rarement spectaculaires. Leurs noms ne figurent pas sur les guides touristiques et ce sont des endroits simples, ordinaires, comme on en trouve un peu partout dans le monde. Le voyageur pressé ne s'y attardera pas, tout juste intrigué par le fait qu'un photographe se soit arrêté là.

Pourtant, pour qui prend le temps de s'y rendre à différentes heures du jour et au fil des saisons, ces endroits recèlent des trésors de beauté. Les verts tendres et nuancés du printemps, les teintes chaudes et éclatantes de l'automne—ou à l'inverse, le dépouillement graphique de la saison hivernale, les ciels d'orage ou les éclairages pittoresques apportés par les changements de temps, le mystère d'un jour de brouillard, la pureté d'un manteau neigeux et l'aspect féerique donné par le givre – tous ces éléments vont susciter des images saisissantes, dans des paysages très ordinaires.

La lumière ponctuelle du soleil à son zénith n'est guère favorable à la photographie des paysages. Pour profiter des meilleurs éclairages, je me retrouve souvent à escalader les sentiers de montagne alors que les randonneurs redescendent vers les vallées. Face à une vue prometteuse, je reste là, et dès que les vents thermiques se sont calmés, je photographie jusqu'à la nuit. La lumière douce diffusée par le firmament révèle les détails les plus fins et fait jaillir des teintes délicates qu'on n'aurait pu distinguer sous l'éclairage trop contrasté du soleil. Le chemin du retour est parfois parcouru à la lumière vacillante d'une petite lampe de poche, l'esprit encore réjoui par la communion au spectacle de la nature et par la pensée d'avoir – peut-être – , engrangé quelques images intéressantes.

Prévoir les facteurs climatiques et leurs effets sur le paysage, n'est pas une science exacte. Il est dès lors indispensable de sortir souvent et par tous les temps. Et lorsque convergent des éléments participant à la création d'une vue inhabituelle, le photographe est saisi d'une frénésie soudaine. Luttant contre l'inertie provoquée par la longue attente, la marche parfois exténuante, ou simplement, le désir de ne rien perdre du spectacle, il se précipite vers son sac pour en extraire la caméra. Il la monte sur le trépied, choisit une optique, tout en évaluant mentalement un cadrage – aidé en cela par un petit cadre souple qui ne le quitte jamais –, et il met au point la vue renversée sur le verre dépoli à l'aide d'une loupe. Il faut ensuite insérer un plan film vierge, puis prendre des mesures précises de cette lumière fuyante, avant d'exposer rapidement une ou deux images. Je ne saurais dire combien d'images j'ai manqué pour ne pas avoir su saisir le passage rapide de la lumière. Ou, parce-que le vent n'a cessé d'agiter les feuillages. Ou encore – dans la précipitation –, pour n'avoir pas su composer une image satisfaisante, ou pour avoir commis une erreur technique qui apparaîtra lorsque les films reviendront du laboratoire. Le photographe qui veut utiliser la chambre grand format se doit d'être pugnace. Mais lorsqu'il persévère, la chance finit toujours par lui sourire, même si je pense qu'il y a plus que simplement la chance. Une belle diapositive mise en valeur sur la table lumineuse, fait oublier d'un seul coup les échecs et les attentes infructueuse. Vous n'avez alors qu'une envie: celle de partir moissonner d'autres lumières délicates.

 

Hormis les images récentes réalisées en numérique, les photographies présentées dans les portfolios ont été réalisées sur film diapositif Fujichrome Velvia et Astia, en moyen format 6x7, 6x9, 6x12, 6x17, et également sur film grand format, 10x12,5cm (4x5") et 13x18cm (5X7"). La photographie numérique a pratiquement remplacé le film de nos jours. Le prix de certains équipements capables de fournir des images rivalisant avec le film moyen format au niveau du détail, les rend très attractifs. J'ai utilisé des appareils photo Canon puis Sony, en conjonction avec des objectifs Pentax et Mamiya conçus pour le moyen format, montés sur des dispositifs à décentrage. Les adaptateurs Rhinocam étaient parfaits pour créer des fichiers d'image volumineux et détaillés. Plus récemment, j'ai utilisé un Fuji GFX-50S et maintenant le GFX-100S. Un adaptateur à décentrage est utilisé en certaines occasions pour décaler le boîtier par rapport à l'objectif, permettant ainsi de prendre plusieurs tranches successives d'une image tout en préservant les perspectives. Une fois assemblées de manière invisible dans Adobe LightRoom ou dans Photoshop, les images haute résolution obtenues n'ont rien à envier au film grand format d'avant. Cette approche, qui nécessite l'utilisation d'un trépied et la recherche préalable d'une composition, reste comparable au style méditatif de la prise d'images à la chambre, tout en étant beaucoup plus pratique puisque les films sont désormais rares et chers, et qu'il n'est plus nécessaire de passer par un traitement chimique et par la numérisation des clichés. Le traitement des images sur un ordinateur reste un aspect incontournable de mon processus créatif et requiert un apprentissage constant. Ansel Adams aurait-il envisagé de passer au numérique ? Je crois qu'en bon technicien pragmatique, il aurait accueilli cette avancée avec enthousiasme. Cependant, avec l'abandon des matériaux et la disparition de ceux qui pratiquaient cet art, les techniques d'impression sur support argentique qui se sont développées et affinées au cours des décennies pourraient bientôt appartenir au passé. Ce constat, sans doute normal dans un monde fait d'avancées technologiques est inquiétant au regard de la perte du savoir. Les quelques tirages Ilfochrome restants, pour lesquels j'ai dû mettre en place une méthode de traitement et construire mes propres outils pour la réalisation de masques de contraste et pour le traitement de grands tirages panoramiques sont désormais des reliques d'une époque révolue. Je salue ceux qui s'efforcent de maintenir ou de faire revivre l'une ou l'autre de ces techniques afin qu'elles ne se perdent pas. Les photographies présentées sur ce site sont destinées à votre plaisir visuel et ne sont pas monétisées. Le droit d'auteur s'applique.

 

 






 

 

«Jadis avide de grands espaces intacts, j'avais espéré que la photographie me permettrait de parcourir le vaste monde. C'est en réalité un monde tout proche, un monde constitué de parcelles de beauté qu'il faut trouver, un peu comme on aperçoit l'éclat des gemmes ou des pépites parmi les gravats d'une rivière, un monde néanmoins captivant et presque intérieur, qui s'est offert à mon objectif».